APOROSE - Aide à la Prise en charge de l'OstéopoROSE

En savoir plus : diagnostic différentiel et étiologique

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Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel de l'ostéoporose a pour objectif d'éliminer d'autres ostéopathies pouvant imiter l'ostéoporose.
Selon les circonstances diagnostiques, le diagnostic différentiel peut varier sensiblement :


Les principaux diagnostics différentiels étant les affections malignes et les autres ostéopathies métaboliques.
Les affections malignes (myélome, métastases osseuses, autres hémopathies), classiquement révélées par une fracture pathologique ou une ostéolyse dans un contexte de douleur d'horaire inflammatoire et d'altération de l'état général, peuvent également être responsables d'une déminéralisation diffuse asymptomatique.
Les ostéopathies métaboliques habituellement citées sont : ostéomalacie, hyperparathyroïdie primitive et ostéodystrophie rénale.

Diagnostic étiologique

En raison des implications diagnostiques et thérapeutiques, on distingue habituellement ostéoporoses primitives et secondaires.

Les ostéoporoses primitives regroupent deux formes principales :


Les ostéoporoses secondaires sont définies par la présence d'au moins une cause spécifique, c'est-à-dire autre que la ménopause ou l'âge.
Cela concerne 30 à 60 % des ostéoporoses de l'homme et plus de 50 % des ostéoporoses de la femme en périménopause. Les causes les plus fréquentes sont la corticothérapie systémique prolongée et l'hypogonadisme. Les ostéoporoses secondaires sont moins fréquentes chez la femme ménopausée.*

Le diagnostic étiologique a pour objectif de rechercher ces causes secondaires ou facteurs aggravants.

Diagnostic différentiel et diagnostic étiologique sont traités de façon simultanée pour plusieurs raisons.


Examens biologiques à réaliser

En plus de l'évaluation clinique, il est recommandé de pratiquer de façon systématique certains examens biologiques en cas d'ostéoporose.

Il n'y a pas de consensus sur le choix des examens biologiques à réaliser de façon systématique dans l'exploration d'une ostéoporose, avec ou sans fracture par fragilité, y compris dans le cadre de sa forme la plus commune, l'ostéoporose postménopausique.
Des examens biologiques recommandés de façon systématique en cas d'ostéoporose par certains auteurs, ne seront recommandés par d'autres qu'en seconde intention, en cas d'anomalie du bilan initial, ou en première intention mais uniquement en cas de fracture, ou de terrain non typiquement la cible de l'ostéoporose primitive (femme non ménopausée, homme).

Plusieurs études ont cherché à définir la stratégie diagnostique ayant le meilleur rapport coût-efficacité et certaines sociétés savantes ont émis des recommandations. Ces éléments sont présentés dans le tableau 1.

Tableau 1. Stratégies diagnostiques proposées.
Référence Population cible Bilan minimal proposé
Tannenbaum et al. 2002* Ostéoporose chez des femmes de plus de 45 ans, en péri-ménopause ou ménopause.
  • Calcémie
  • Parathormone
  • Calciurie des 24 heures
Jamal et al. 2005* Femmes ménopausées en bonne santé avec T-score ≤ -2,5 et/ou fracture par fragilité.
  • TSH

Pas de différence significative pour : calcémie, phosphatémie, parathormone, créatininémie, phosphatases alcalines, AST, ALT, NFS plaquettes.
Non testés : 25OH vitamine D, électrophorèse des protides plasmatiques, sérologie de la maladie cœliaque, examens urinaires.
Bours et al. 2011* Hommes et femmes âgés de plus de 50 ans, avec fracture.
  • Calcémie
  • Albuminémie
  • Créatininémie
  • 25OH vitamine D
  • TSH
  • Electrophorèses des protéines plasmatiques et urinaires
  • Testostérone chez l'homme

Éventuellement prélèvement urinaire des 24h, sérologie de maladie cœliaque mais non testés.
NOGG 2009* Ostéoporose chez la femme ménopausée et l'homme de plus de 50 ans.
  • Calcémie
  • Albuminémie
  • Créatininémie
  • Phosphatémie
  • Phosphatases alcalines
  • TSH
  • NFS plaquettes
  • VS ou CRP
  • Transaminases
SOC 2010* Ostéoporose chez la femme et l'homme de plus de 50 ans.
  • Calcémie corrigée par l'albuminémie
  • Créatininémie
  • Phosphatases alcalines
  • 25OH vitamine D (après supplémentation)
  • TSH
  • NFS plaquettes
  • Électrophorèse des protéines sériques (en cas de fracture vertébrale)
AACE 2010* Ostéoporose chez la femme ménopausée.
  • Calcémie
  • Phosphatémie
  • Protidémie
  • Albuminémie
  • Créatininémie
  • Ionogramme sanguin
  • Phosphatases alcalines
  • 25OH vitamine D
  • Calciurie, créatininurie et natriurie des 24 heures
  • NFS plaquettes
  • Transaminases
GRIO 2009* Ostéoporose chez l'homme.
  • Calcémie
  • Phosphatémie
  • Créatinémie
  • Phosphatases alcalines osseuses
  • Calciurie des 24 h
  • NFS
  • VS
  • Electrophorèse des protides plasmatiques
  • Transaminases
  • Ferritine, coefficient de saturation de la transferrine
  • Testostérone totale et biodisponible
Endocrine Society 2012* Ostéoporose chez l'homme.
  • Calcémie
  • Phosphatémie
  • Phosphatases alcalines
  • 25OH vitamine D
  • Calciurie des 24 h (avec creatininurie et natriurie)
  • NFS plaquette
  • Bilan hépatique
  • Testostérone totale

Certains examens biologiques proposés peuvent avoir également un intérêt pré-thérapeutique supplémentaire, en plus de participer au diagnostic différentiel et étiologique : supplémentation éventuelle d'une carence vitaminique D, recherche de contre-indications aux traitements anti-ostéoporotiques spécifiques (insuffisance rénale, anomalie de la calcémie etc.)

Le seul consensus est que ce bilan systématique doit être plus exhaustif chez la femme non ménopausée et chez l'homme (notamment avant l'âge de 70 ans).
En effet il ne s'agit pas des populations habituellement concernées par l'ostéoporose primitive et les causes secondaires y sont plus fréquentes que chez la femme ménopausée. Dans ces populations, l'enquête diagnostique semble d'autant plus utile, en l'absence de fracture par fragilité, que la valeur de la DMO est inférieure à la normale pour l'âge, c'est-à-dire que le Z-score est inférieur à - 2.

Tableau 2. Examens biologiques fréquemment proposés en première intention en cas d'ostéoporose chez la femme non ménopausée et chez l'homme.
Examens biologiques systématiques en cas d'ostéoporose chez la femme non ménopausée et chez l'homme
Tous les examens cités dans le cadre du diagnostic de l'ostéoporose post-ménopausique

Examens supplémentaires
  • Recherche d'une maladie cœliaque : Ac anti-endomysium et anti-transglutaminase de type Ig A (+ Ig A totales)
  • Recherche d'un hypogonadisme :
    • testostérone, LH, FSH chez l'homme
    • E2, FSH, LH (entre J2 et J4 du cycle sauf aménorrhée) chez la femme
  • Recherche d'un hypercorticisme : cortisol libre urinaire des 24 heures (avec créatininurie des 24 heures) ± freinage rapide ou « minute » à la dexaméthasone (1 mg à minuit, dosage cortisol à 8 h)
  • Recherche d'une hémochromatose : ferritine, coefficient de saturation de la transferrine
  • Recherche d'une hépatopathie : AST, ALT, Gamma-GT, phosphatases alcalines, bilirubine

Dans tous les cas, la présence d'anomalies cliniques ou d'anomalies du bilan biologique prescrit en première intention, doit conduire à la prescription d'examens appropriés.
Par exemple, un dosage de la TSH doit être prescrit chez les patients ayant un traitement de substitution à visée thyroïdienne ou des signes cliniques de thyrotoxicose, une anomalie de la calcémie doit conduire à la prescription d'un bilan phospho-calcique complet avec notamment parathormone et calciurie des 24 heures, une sérologie de la maladie cœliaque doit être prescrite en cas de troubles digestifs chroniques et/ou d'anémie.

Interprétation des résultats des examens biologiques

Vous trouverez ci-dessous, dans le tableau 3, les résultats habituels des examens biologiques en fonction des principaux diagnostics différentiels de l'ostéoporose primitive.

Tableau 3. Orientation diagnostique des résultats des examens biologiques dans le cadre du diagnostic différentiel.*
1 Augmentation des phosphatases alcalines en cas de fracture ; 2 Carence en vitamine D fréquente dans la population générale, notamment chez le sujet âgé.
Ostéoporose primitive Myélome multiple des os Métastase osseuse Hyperparathyroïdie primitive Ostéomalacie Ostéodystrophie rénale
Hémogramme N anémie
autre cytopénie
hyperleucocytose N parfois anémie anémie
Vitesse de sédimentation N N ou augmenté N ou augmenté N N N
C-reactive protein N N ou augmenté N ou augmenté N N N
Électrophorèse des prot. plasmatiques N pic monoclonal
hypogammaglob.
N N N N
Créatininémie N N ou augmenté N N N augmentéaugmenté
Calcémie N parfois augmentéaugmenté parfois augmentéaugmenté N ou augmenté diminué diminué
Phosphatémie N N ou augmenté variable N ou diminué N ou diminué augmenté
Phosphatases alc. N ou augmenté1 N N ou augmenté N ou augmenté augmenté N ou augmenté
Calciurie des 24 h N N ou augmenté N ou augmenté augmenté diminué variable
Parathormone N N ou diminué N ou diminué augmentéaugmenté
parfois N
augmenté augmenté
25OH vitamine D N ou diminué2 N N N souvent diminuédiminué N

Abbréviations utilisées : AACE, American Association of Clinical Endocrinologists ; GRIO, Groupe de Recherche et d'Information sur les Ostéoporoses ; NOGG, National Osteoporosis Guideline Group (Royaume-Uni) ; SOC, Société de l'Ostéoporose du Canada.